Albert Lichten

« Voir, c’est avoir vu »

Sommaire

Ce que j’appelle « regard », c’est l’écart entre la vision normée, physique – optique, et une vision plus profonde, que j »appelle voyance. Le regard pour moi n’a pas d’autre fonction que de faire advenir la voyance dans la vision normée, habituelle, celle qui permet de s’orienter pragmatiquement dans le monde.En français le mot « regard » signifie entre autres une petite ouverture pratiquée dans une construction.

En d’autres termes, les connotations psychanalytiques (lacaniennes) du regard ne font pas partie de mon sujet.

Ce que j’appelle voyance, c’est l’éclair qui traverse la vision normée et la porte ailleurs. Heidegger écrit dans Holzwege : voir, c’est avoir vu. Il veut dire par là que l’essence des choses, de toutes choses (aussi bien des choses matérielles que des « choses humaines » pour parler comme Aragon), c’est le temps, mode selon lequel l‘être à la fois se déploie et se dissimule. Le voyant voit le présent arriver et s’en aller. Pour Heidegger la source de la vision de l’oeil  est extra – sensorielle, elle est  d’abord de la pensée.

Mais le peintre ne peut opérer en philosophe : il doit faire entrer vaillie que vaille la voyance dans la vision sensorielle. Mieux : s’il est peintre, c’est que cette voyance traverse sa vision sensorielle et la porte à la métamorphose.

Le présent, disons nous, n’est pas l’instantané, mais comporte en son sein une ouverture sur un passé et un futur; le présent est à la fois une arrivée et un départ. C’est pourquoi  l’instantané de la photographie est un artefact historiquement déterminé par un certain état de nos techniques matérielles. C’est un artefact qui n’est pas plus véridique que l’artefact de la peinture. Précisons : cet artefact de la photographie a hérité de l’artifice de l’invention de la perspectiva artificialis, volonté de maitrise géométrique sur l’univers. Le peintre a le droit d’inventer d’autres artéfacts.

Des statues aux parcs et aux jardins

ALbert Lichten - Les Chevaux Effrayés de Champs sur Marne - 2005 - huile sur toile - 92 x 73 cm

Cette toile montre à la fois les allées du parc de Champs-sur- Marne, une statue à gauche, un bassin, le buste romain à droite, et au fond, en contrebas, les Chevaux Effrayés de Coysevox. Presque rien de tout cela n’est visible, et encore moins visible simultanément, quand on pénètre dans le parc Mais le promeneur qui le connaît a, de tout ce que je viens d’évoquer, une vision mentale. On passe ainsi de la simultanéité perçue à la simultanéité construite par le peintre. Ici s’incarne la proposition : voir, c’est avoir vu.

Albert Lichten - Statue d'Atalante et Hippomene au parc de Saint Cloud - 2000 - huile sur toile – 92 x 60 cm

En montant  les volées des escaliers de pierre du parc de Saint Cloud, j’ai vu jadis apparaître peu à peu cet étrange couple statuaire qui me faisait signe, me proposant l’énigme de son mouvement arrêté. Je découvris ensuite qu’il s’agissant d’Hippomène arrêtant dans sa course sa rivale, Atalante, dans la compétition qui opposait les deux champions. Prélude à une étreinte amoureuse. Quant à moi,  j’avais dans mon dos la partie basse du parc, la Seine, et Paris dans le lointain ;  devant moi, la partie haute du parc. J’ai voulu que ce couple statuaire trace sa course mythique dans notre beau parc actuel. L’anachronisme est l’un des charmes des statues placées dans un tel environnement.

Albert Lichten - Promenade dans le parc Saint Cloud - 1992 - huile sur toile - 73 x 60 cm

L’immense parc de Saint Cloud comporte de nombreux dénivellés.J’ai introduit cette petite statue comme une sorte de pièce pivotante, comme l’indice d’un changement de direction pour le regard.

Albert Lichten - Groupe statuaire de deux femmes au parc Montsouris - 1995 - huile sur toile - 73 x 60 cm

J’ai voulu faire de ce groupe, que l’on voit ici en contrebas, et donc assez petit, comme le centre de gravité de cette partie du parc  Montsouris , à laquelle il communique quelque chose de la sereine conversation entre ces deux superbes femmes.

Albert Lichten - Statues de cerfs au parc de Sceaux - 2005 - huile sur toile - 92 x 73 cm

Ces deux groupes statuaires, comportant chacun le mâle, la femelle et leur petit, ont des attitudes contrastées. Dans l’un, les trois bêtes s’élancent.; dans l’autre, le mâle est en arrêt, il guette. J’ai créé un espace qui permet d’ avoir de ces deux groupes une vue simultanée.

portraits de jardins

Albert Lichten - Parc de Saint Cloud (jardin du Trocadéro) - 2001- huile sur toile - 73 x 60 cm

Un jardin n’est pas un spectacle vu par un observateur distant. C’est une chose dans laquelle il faut entrer. Ainsi en est -il des pigeons qui commencent à le survoler, et du petit personnage qui s’y trouve déjà et qui marche dans l’allée.

ALbert Lichten - Le tour du lac de Saint Mandé - 2005- huile sur toile - 73 x 60 cm

Autre exemple de simultanéité construite. Je ne saisis vraiment le caractère de ce petit lac, en contrebas de la ville de Saint Mandé, que si j’en ai fait le tour. Au centre, le personnage s’avance sur la presqu’île qui surplombe la surface de l’eau. Bonheur de la promenade, qui  est un exercice  autant visuel que moteur.

Ce que j’appelle « regard », c’est l’écart entre la vision normée, physique – optique, et une vision plus profonde, que j »appelle voyance. Le regard pour moi n’a pas d’autre fonction que de faire advenir la voyance dans la vision normée, habituelle, celle qui permet de s’orienter pragmatiquement dans le monde.En français le mot « regard » signifie entre autres une petite ouverture pratiquée dans une construction.

En d’autres termes, les connotations psychanalytiques (lacaniennes) du regard ne font pas partie de mon sujet.

Ce que j’appelle voyance, c’est l’éclair qui traverse la vision normée et la porte ailleurs. Heidegger écrit dans Holzwege : voir, c’est avoir vu. Il veut dire par là que l’essence des choses, de toutes choses (aussi bien des choses matérielles que des « choses humaines » pour parler comme Aragon), c’est le temps, mode selon lequel l‘être à la fois se déploie et se dissimule. Le voyant voit le présent arriver et s’en aller. Pour Heidegger la source de la vision de l’oeil  est extra – sensorielle, elle est  d’abord de la pensée.

Mais le peintre ne peut opérer en philosophe : il doit faire entrer vaillie que vaille la voyance dans la vision sensorielle. Mieux : s’il est peintre, c’est que cette voyance traverse sa vision sensorielle et la porte à la métamorphose.

Le présent, disons nous, n’est pas l’instantané, mais comporte en son sein une ouverture sur un passé et un futur; le présent est à la fois une arrivée et un départ. C’est pourquoi  l’instantané de la photographie est un artefact historiquement déterminé par un certain état de nos techniques matérielles. C’est un artefact qui n’est pas plus véridique que l’artefact de la peinture. Précisons : cet artefact de la photographie a hérité de l’artifice de l’invention de la perspectiva artificialis, volonté de maitrise géométrique sur l’univers. Le peintre a le droit d’inventer d’autres artéfacts.

Des statues aux parcs et aux jardins

ALbert Lichten - Nageur dans la vague - 1997 - huile sur toile - 92 x 73 cm

Cette toile montre à la fois les allées du parc de Champs-sur- Marne, une statue à gauche, un bassin, le buste romain à droite, et au fond, en contrebas, les Chevaux Effrayés de Coysevox. Presque rien de tout cela n’est visible, et encore moins visible simultanément, quand on pénètre dans le parc Mais le promeneur qui le connaît a, de tout ce que je viens d’évoquer, une vision mentale. On passe ainsi de la simultanéité perçue à la simultanéité construite par le peintre. Ici s’incarne la proposition : voir, c’est avoir vu.

En montant  les volées des escaliers de pierre du parc de Saint Cloud, j’ai vu jadis apparaître peu à peu cet étrange couple statuaire qui me faisait signe, me proposant l’énigme de son mouvement arrêté. Je découvris ensuite qu’il s’agissant d’Hippomène arrêtant dans sa course sa rivale, Atalante, dans la compétition qui opposait les deux champions. Prélude à une étreinte amoureuse. Quant à moi,  j’avais dans mon dos la partie basse du parc, la Seine, et Paris dans le lointain ;  devant moi, la partie haute du parc. J’ai voulu que ce couple statuaire trace sa course mythique dans notre beau parc actuel. L’anachronisme est l’un des charmes des statues placées dans un tel environnement.

L’immense parc de Saint Cloud comporte de nombreux dénivellés.J’ai introduit cette petite statue comme une sorte de pièce pivotante, comme l’indice d’un changement de direction pour le regard.

J’ai voulu faire de ce groupe, que l’on voit ici en contrebas, et donc assez petit, comme le centre de gravité de cette partie du parc  Montsouris , à laquelle il communique quelque chose de la sereine conversation entre ces deux superbes femmes.

Ces deux groupes statuaires, comportant chacun le mâle, la femelle et leur petit, ont des attitudes contrastées. Dans l’un, les trois bêtes s’élancent.; dans l’autre, le mâle est en arrêt, il guette. J’ai créé un espace qui permet d’ avoir de ces deux groupes une vue simultanée.

portraits de jardins

Des statues nous sommes passés au parcs et aux jardins. De même que les cubistes ont expérimenté les portraits humains pluridimensionnels, j’ai fait des portraits de jardins. Un jardin vu en perspective classique, c’est à dire d’un point de vue unique, n’est pas un portrait de ce jardin, il n’en restitue pas le caractère propre, la « personnalité ».

Sur les hauteurs du parc de Saint Cloud, il y a un petit jardin tout en courbes et en détours, avec des pelouses bien vertes et protégées, de beaux massifs de fleurs. J’ai composé une vision simultanée de ce jardin, d’un petit bout du parc, et de Paris dans le fond.

Un jardin n’est pas un spectacle vu par un observateur distant. C’est une chose dans laquelle il faut entrer. Ainsi en est -il des pigeons qui commencent à le survoler, et du petit personnage qui s’y trouve déjà et qui marche dans l’allée.

Autre exemple de simultanéité construite. Je ne saisis vraiment le caractère de ce petit lac, en contrebas de la ville de Saint Mandé, que si j’en ai fait le tour. Au centre, le personnage s’avance sur la presqu’île qui surplombe la surface de l’eau. Bonheur de la promenade, qui  est un exercice  autant visuel que moteur.

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Le Regard

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Sommets et abîmes  

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Ce que j’appelle « regard », c’est l’écart entre la vision normée, physique – optique, et une vision plus profonde, que j »appelle voyance. Le regard pour moi n’a pas d’autre fonction que de faire advenir la voyance dans la vision normée, habituelle, celle qui permet de s’orienter pragmatiquement dans le monde.En français le mot « regard » signifie entre autres une petite ouverture pratiquée dans une construction.

En d’autres termes, les connotations psychanalytiques (lacaniennes) du regard ne font pas partie de mon sujet.

Ce que j’appelle voyance, c’est l’éclair qui traverse la vision normée et la porte ailleurs. Heidegger écrit dans Holzwege : voir, c’est avoir vu. Il veut dire par là que l’essence des choses, de toutes choses (aussi bien des choses matérielles que des « choses humaines » pour parler comme Aragon), c’est le temps, mode selon lequel l‘être à la fois se déploie et se dissimule. Le voyant voit le présent arriver et s’en aller. Pour Heidegger la source de la vision de l’oeil  est extra – sensorielle, elle est  d’abord de la pensée.

Mais le peintre ne peut opérer en philosophe : il doit faire entrer vaillie que vaille la voyance dans la vision sensorielle. Mieux : s’il est peintre, c’est que cette voyance traverse sa vision sensorielle et la porte à la métamorphose.

Le présent, disons nous, n’est pas l’instantané, mais comporte en son sein une ouverture sur un passé et un futur; le présent est à la fois une arrivée et un départ. C’est pourquoi  l’instantané de la photographie est un artefact historiquement déterminé par un certain état de nos techniques matérielles. C’est un artefact qui n’est pas plus véridique que l’artefact de la peinture. Précisons : cet artefact de la photographie a hérité de l’artifice de l’invention de la perspectiva artificialis, volonté de maitrise géométrique sur l’univers. Le peintre a le droit d’inventer d’autres artéfacts.

Des statues aux parcs et aux jardins

ALbert Lichten - Les Chevaux Effrayés de Champs sur Marne - 2005 - huile sur toile - 92 x 73 cm

Cette toile montre à la fois les allées du parc de Champs-sur- Marne, une statue à gauche, un bassin, le buste romain à droite, et au fond, en contrebas, les Chevaux Effrayés de Coysevox. Presque rien de tout cela n’est visible, et encore moins visible simultanément, quand on pénètre dans le parc Mais le promeneur qui le connaît a, de tout ce que je viens d’évoquer, une vision mentale. On passe ainsi de la simultanéité perçue à la simultanéité construite par le peintre. Ici s’incarne la proposition : voir, c’est avoir vu.

Albert Lichten - Statue d'Atalante et Hippomene au parc de Saint Cloud - 2000 - huile sur toile – 92 x 60 cm

En montant  les volées des escaliers de pierre du parc de Saint Cloud, j’ai vu jadis apparaître peu à peu cet étrange couple statuaire qui me faisait signe, me proposant l’énigme de son mouvement arrêté. Je découvris ensuite qu’il s’agissant d’Hippomène arrêtant dans sa course sa rivale, Atalante, dans la compétition qui opposait les deux champions. Prélude à une étreinte amoureuse. Quant à moi,  j’avais dans mon dos la partie basse du parc, la Seine, et Paris dans le lointain ;  devant moi, la partie haute du parc. J’ai voulu que ce couple statuaire trace sa course mythique dans notre beau parc actuel. L’anachronisme est l’un des charmes des statues placées dans un tel environnement.

Albert Lichten - Promenade dans le parc Saint Cloud - 1992 - huile sur toile - 73 x 60 cm

L’immense parc de Saint Cloud comporte de nombreux dénivellés.J’ai introduit cette petite statue comme une sorte de pièce pivotante, comme l’indice d’un changement de direction pour le regard.

Albert Lichten - Groupe statuaire de deux femmes au parc Montsouris - 1995 - huile sur toile - 73 x 60 cm

J’ai voulu faire de ce groupe, que l’on voit ici en contrebas, et donc assez petit, comme le centre de gravité de cette partie du parc  Montsouris , à laquelle il communique quelque chose de la sereine conversation entre ces deux superbes femmes.

Albert Lichten - Statues de cerfs au parc de Sceaux - 2005 - huile sur toile - 92 x 73 cm

Ces deux groupes statuaires, comportant chacun le mâle, la femelle et leur petit, ont des attitudes contrastées. Dans l’un, les trois bêtes s’élancent.; dans l’autre, le mâle est en arrêt, il guette. J’ai créé un espace qui permet d’ avoir de ces deux groupes une vue simultanée.

portraits de jardins

Albert Lichten - Parc de Saint Cloud (jardin du Trocadéro) - 2001- huile sur toile - 73 x 60 cm

Un jardin n’est pas un spectacle vu par un observateur distant. C’est une chose dans laquelle il faut entrer. Ainsi en est -il des pigeons qui commencent à le survoler, et du petit personnage qui s’y trouve déjà et qui marche dans l’allée.

ALbert Lichten - Le tour du lac de Saint Mandé - 2005- huile sur toile - 73 x 60 cm

Autre exemple de simultanéité construite. Je ne saisis vraiment le caractère de ce petit lac, en contrebas de la ville de Saint Mandé, que si j’en ai fait le tour. Au centre, le personnage s’avance sur la presqu’île qui surplombe la surface de l’eau. Bonheur de la promenade, qui  est un exercice  autant visuel que moteur.

Ce que j’appelle « regard », c’est l’écart entre la vision normée, physique – optique, et une vision plus profonde, que j »appelle voyance. Le regard pour moi n’a pas d’autre fonction que de faire advenir la voyance dans la vision normée, habituelle, celle qui permet de s’orienter pragmatiquement dans le monde.En français le mot « regard » signifie entre autres une petite ouverture pratiquée dans une construction.

En d’autres termes, les connotations psychanalytiques (lacaniennes) du regard ne font pas partie de mon sujet.

Ce que j’appelle voyance, c’est l’éclair qui traverse la vision normée et la porte ailleurs. Heidegger écrit dans Holzwege : voir, c’est avoir vu. Il veut dire par là que l’essence des choses, de toutes choses (aussi bien des choses matérielles que des « choses humaines » pour parler comme Aragon), c’est le temps, mode selon lequel l‘être à la fois se déploie et se dissimule. Le voyant voit le présent arriver et s’en aller. Pour Heidegger la source de la vision de l’oeil  est extra – sensorielle, elle est  d’abord de la pensée.

Mais le peintre ne peut opérer en philosophe : il doit faire entrer vaillie que vaille la voyance dans la vision sensorielle. Mieux : s’il est peintre, c’est que cette voyance traverse sa vision sensorielle et la porte à la métamorphose.

Le présent, disons nous, n’est pas l’instantané, mais comporte en son sein une ouverture sur un passé et un futur; le présent est à la fois une arrivée et un départ. C’est pourquoi  l’instantané de la photographie est un artefact historiquement déterminé par un certain état de nos techniques matérielles. C’est un artefact qui n’est pas plus véridique que l’artefact de la peinture. Précisons : cet artefact de la photographie a hérité de l’artifice de l’invention de la perspectiva artificialis, volonté de maitrise géométrique sur l’univers. Le peintre a le droit d’inventer d’autres artéfacts.

Des statues aux parcs et aux jardins

ALbert Lichten - Nageur dans la vague - 1997 - huile sur toile - 92 x 73 cm

Cette toile montre à la fois les allées du parc de Champs-sur- Marne, une statue à gauche, un bassin, le buste romain à droite, et au fond, en contrebas, les Chevaux Effrayés de Coysevox. Presque rien de tout cela n’est visible, et encore moins visible simultanément, quand on pénètre dans le parc Mais le promeneur qui le connaît a, de tout ce que je viens d’évoquer, une vision mentale. On passe ainsi de la simultanéité perçue à la simultanéité construite par le peintre. Ici s’incarne la proposition : voir, c’est avoir vu.

En montant  les volées des escaliers de pierre du parc de Saint Cloud, j’ai vu jadis apparaître peu à peu cet étrange couple statuaire qui me faisait signe, me proposant l’énigme de son mouvement arrêté. Je découvris ensuite qu’il s’agissant d’Hippomène arrêtant dans sa course sa rivale, Atalante, dans la compétition qui opposait les deux champions. Prélude à une étreinte amoureuse. Quant à moi,  j’avais dans mon dos la partie basse du parc, la Seine, et Paris dans le lointain ;  devant moi, la partie haute du parc. J’ai voulu que ce couple statuaire trace sa course mythique dans notre beau parc actuel. L’anachronisme est l’un des charmes des statues placées dans un tel environnement.

L’immense parc de Saint Cloud comporte de nombreux dénivellés.J’ai introduit cette petite statue comme une sorte de pièce pivotante, comme l’indice d’un changement de direction pour le regard.

J’ai voulu faire de ce groupe, que l’on voit ici en contrebas, et donc assez petit, comme le centre de gravité de cette partie du parc  Montsouris , à laquelle il communique quelque chose de la sereine conversation entre ces deux superbes femmes.

Ces deux groupes statuaires, comportant chacun le mâle, la femelle et leur petit, ont des attitudes contrastées. Dans l’un, les trois bêtes s’élancent.; dans l’autre, le mâle est en arrêt, il guette. J’ai créé un espace qui permet d’ avoir de ces deux groupes une vue simultanée.

portraits de jardins

Des statues nous sommes passés au parcs et aux jardins. De même que les cubistes ont expérimenté les portraits humains pluridimensionnels, j’ai fait des portraits de jardins. Un jardin vu en perspective classique, c’est à dire d’un point de vue unique, n’est pas un portrait de ce jardin, il n’en restitue pas le caractère propre, la « personnalité ».

Sur les hauteurs du parc de Saint Cloud, il y a un petit jardin tout en courbes et en détours, avec des pelouses bien vertes et protégées, de beaux massifs de fleurs. J’ai composé une vision simultanée de ce jardin, d’un petit bout du parc, et de Paris dans le fond.

Un jardin n’est pas un spectacle vu par un observateur distant. C’est une chose dans laquelle il faut entrer. Ainsi en est -il des pigeons qui commencent à le survoler, et du petit personnage qui s’y trouve déjà et qui marche dans l’allée.

Autre exemple de simultanéité construite. Je ne saisis vraiment le caractère de ce petit lac, en contrebas de la ville de Saint Mandé, que si j’en ai fait le tour. Au centre, le personnage s’avance sur la presqu’île qui surplombe la surface de l’eau. Bonheur de la promenade, qui  est un exercice  autant visuel que moteur.

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